Le MESRI a lancé une consultation concernant le recrutement des enseignants chercheurs.
Voici les réponses de Specif Campus a certaines des questions posées, soumises à cette consultation.
Reconnaissance du doctorat et valeur de l’habilitation à diriger des recherches
Le doctorat sanctionne la capacité à mener une activité de recherche individuelle, sous la supervision d’un ou plusieurs chercheur(s) expérimentés. La nature de la recherche menée dans le cadre d’une thèse est variable : fondamentale / théorique ; expérimentale ; applicative dans un contexte pluri-/interdisciplinaire ; à vocation industrielle, etc. De ce fait, le doctorat —s’il valide la compétence en recherche du docteur— ne suffit pas à caractériser sa capacité d’intégration à l’ensemble des métiers relevant du domaine de la recherche, en particulier les métiers où la recherche ne représente qu’une partie de l’activité développée (e.g. enseignant-chercheur, ingénierie de recherche, recherche et développement, etc.). Dans le cadre spécifique du recrutement des enseignants-chercheurs, le doctorat joue évidemment un rôle fondamental, tout autant que d’autres compétences relatives aux activités pédagogiques, administratives et d’encadrement, qui ne sont pas évaluées dans le cadre de la validation du doctorat.
L’habilitation à diriger des recherches sanctionne, comme son nom l’indique, la capacité d’un chercheur non seulement à mener une activité de recherche de manière individuelle et autonome, mais aussi à diriger des activités de recherche. La notion de direction inclut l’encadrement d’autres chercheurs ou apprentis-chercheurs (notamment doctorants), mais aussi le pilotage / l’animation d’actions de recherche collectives par exemple dans le cadre de projets ou d’équipes. Si l’habilitation à diriger des recherches sanctionne les compétences requises pour une activité professionnelle telle que celle des directeur de recherche (au sens CNRS, ou plus généralement EPST), elle ne recouvre pas l’intégralité du spectre de compétences relevant de l’activité d’un professeur des universités, notamment sur les prises de responsabilités pédagogiques, administratives, managériales, etc.
Le rôle et le fonctionnement des Comités de sélection (COS)
La composition des COS, équilibrée entre membres locaux et extérieurs à l’établissement concerné par le recrutement, permet de prendre en considération les impératifs et objectifs inhérents aux spécificités locales mais aussi aux exigences nationales d’un poste d’enseignant-chercheur. Cet équilibre effectif qui constitue une avancée notable par rapport aux anciennes commissions de spécialistes, est à préserver.
Les COS fonctionnent sur des configurations restreintes (en général 8 à 12 membres) et sur des intervalles de temps limités (quelques jours / quelques heures pour le traitement des dossiers / les délibérations). De ce fait, l’efficacité d’un COS repose sur sa capacité à traiter rapidement et de manière qualitative les dossiers soumis. En particulier, la quantité de dossiers soumis conditionne la capacité du COS à mener un recrutement dans de bonnes conditions. Dans ce contexte, le rôle d’une qualification menée à l’échelle nationale permettant de filtrer les dossiers ne remplissant pas les critères de qualité requis, mais aussi identifiant identifiant le(s) domaine(s) de compétence des candidats potentiels est un soutien indispensable à l’action des COS.
Le rôle et le fonctionnement du Conseil national des universités (CNU)
Le CNU, de par son organisation en sections et ses modalités de composition (dont 2/3 de membres élus), est une entité représentative de l’ensemble des enseignants-chercheurs, unique au niveau national. Le CNU fonde son existence sur le statut national des enseignants-chercheurs, qui travaillent chacun dans des établissements, composantes et laboratoires dont les spécificités leurs sont propres. Ils exercent néanmoins tous le même métier, qui participe du service public ; leur action est menée de manière globale au bénéfice des étudiants (par le biais de formations reconnues au niveau national) et de la société dans son ensemble (par le biais d’une activité de recherche dont la structuration nationale en fait l’une des plus performantes).
Dans ce contexte, le CNU exerce une mission double. Elle agit en premier lieu au service des conditions d’exercice des enseignants-chercheurs, tout au long de leur carrière : en favorisant l’entrée dans les corps des MCF et PR docteurs et habilités les plus aptes à embrasser le métier d’enseignant-chercheur (qualification) ; en gérant de manière équitable au niveau national les progressions de carrière (promotions) et les actions plus ponctuelles d’aide / de reconnaissance des activités (CRCT ; PEDR) ; mais aussi en suivant tout au long de leur carrière les personnels, se mettant à l’écoute de leurs difficultés et incitant les établissements à agir localement pour y remédier (suivis de carrière). Ces missions, qui ne peuvent être menées de manière juste et équitable qu’avec une vision externe et nationale, justifient l’existence du CNU.
En second lieu, le CNU est aussi un observatoire et un organe de réflexion indépendant sur le métier d’enseignant-chercheur. Il permet ainsi de comprendre les spécificités, les besoins et les évolutions de ce métier, dans un environnement complexe et en perpétuelle mutation, mais aussi d’en préparer l’avenir, en tant qu’interlocuteur privilégié le représentant auprès des instances, notamment le MESRI.